Pech-Gaillard On Ice
Un hiver naît...
L'hiver a figé les terres de la colline.
Le gel a recouvert l'étendue bombée de Pech Gaillard et le souffle de la Grande Mère est venu caresser notre lieu dit intime et reculé.
Que du bleu tendre au ciel, celé de pureté ! Pour un temps incertain, je suis revenu arpenter le chemin aux bords de glace compostellés.
Le froid a peint le monde de son blanc-frontière. Je ne suis plus dans mon univers familier.
Même le règne végétal s'est laissé envelopper par cette blancheur étoilée.
Et les silhouettes du vert réel se sont redéployées...
L'esprit des ruines m'éveille
au sens subtil d'une rosée éternellement figée.
Les champs en friche sont tapis
vert glacé...
Les arbres, eux, s'élancent vers un bleu
d'aubaine fraîcheur et leurs branches font jaillir des bourgeons
acuponcturés…
Les rayons du soleil ont crevé
le ciel à la nuageuse densité.
Le parc aux chevaux se révèle silencieux et
d'une grande sérénité…
Mon chemin continue et n'est plus qu'épaisse blancheur, intensité… Les cimes des bois, d'un chœur de glace, révèlent leur beauté arbrée. La splendeur est en haut, l'éclaircie certaine, mon lieu sûr azuré...
La glace ponctue mon imaginaire d'épines...
...et d'hélicoïdales branches dardées !
Elle se répand le long de fils improbables et crée des nœuds bigarrés…
J'y vois le signe poétique d'un mystère inaltéré, au fin fond doux et secret...
La tension reste palpable. Soutenables sont les cordes aiguillées…
La rectitude de mon quant à moi point n'est demeurée.
Mon sens du grand
large s'est vidé.
L'univers est saillance, mais paix.
Puis, soudain...
Tout n'est plus que touffeur et déploiement de branches
épinglées.
Ma rondeur se délite et cesse d'exister.
Quel épineux magma de dards explosé !
Tout n'est plus de mes yeux que doux
affleurement d'un temps givré…
A l'instant du retour, le lieu dit est en suspension,
D'essence ciel,
Et devant l'Eternel,
Cyanosé.
Au loin l'Arbre à la Baignoire jaillit comme une fontaine
Et me renvoie
à mon essencielle verticalité !
Je suis
dans un mouvement d'être-là en fugacité !
Je vis un instant subtil d'une grande
intensité
Qui fulgure en moi cet insatiable appétit d'universalité !
BONNE ANNEE...